25 Nov 2019
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Santé humaine Le yaourt et la santé

Le plaisir de manger guide les choix alimentaires

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L’enfance est la période cruciale pour établir les bases d’habitudes alimentaires saines positives et durables. Le rapport d’un groupe d’experts, Nurturing Children’s Healthy Eating, montre le rôle essentiel des familles dans le développement de bonnes habitudes alimentaires chez les enfants. Chaque mois, nous vous proposerons un post récapitulatif mettant en exergue certains des messages clés issus de ce rapport afin d’aider les familles à cultiver des habitudes alimentaires plus saines.

Souvenez-vous de la dernière fois où vous avez pris un bon repas avec des amis, savourant une assiette de votre mets préféré, en bonne compagnie … et vous pourrez comprendre comment le plaisir influence ce que nous mangeons, pourquoi nous le mangeons et la quantité que nous mangeons. De fait, le plaisir peut être un levier pour encourager les enfants à manger sainement.

Le plaisir guide les choix alimentaires

Pour les enfants, manger fait partie d’une courbe d’apprentissage au cours de laquelle ils doivent apprendre quoi, quand, comment et combien manger. Dans le cadre de ce processus, le plaisir joue un rôle pour guider les choix alimentaires. Cela peut être particulièrement vrai chez les enfants, car les autres déterminants des choix alimentaires (par exemple, les informations nutritionnelles, le prix) jouent un rôle moins important en raison des capacités cognitives encore immatures des enfants.

Toutefois, dans un contexte dans lequel le régime occidental est largement répandu et où les aliments denses en énergie sont surabondants, le plaisir peut également être vu comme une menace, influençant négativement à la fois les choix alimentaires et les quantités consommées.

« Le plaisir pourrait être un outil précieux pour promouvoir une alimentation saine car il guide les choix alimentaires. »

Afin d’identifier les circonstances dans lesquelles le plaisir peut encourager plutôt que décourager une alimentation saine, les chercheurs ont tenté de comprendre les mécanismes sous-jacents au plaisir et la façon exacte dont le plaisir guide les choix alimentaires. Trois grands types de facteurs peuvent influencer nos choix alimentaires :

  • Des facteurs directement liés à l’aliment que nous consommons.
  • Des facteurs liés au contexte dans lequel nous mangeons.
  • Des facteurs individuels.

Sur la base de cette observation, les experts ont identifié trois dimensions du plaisir de manger chez les enfants :

  • Le plaisir sensoriel.
  • Le plaisir interpersonnel.
  • Le plaisir cognitif.

Le plaisir sensoriel : aimer la nourriture est question de saveur, de texture et d’aspect

Le plaisir que nous ressentons lorsque nous mangeons un aliment donné dépend de son aspect, de sa texture et de son goût, mais aussi de sa capacité à satisfaire nos besoins énergétiques.

Les propriétés sensorielles de l’alimentation sont des indicateurs nous permettant de reconnaître si un aliment est sûr et apte à être consommé. Grâce à nos sens, nous sommes capables d’identifier et de mémoriser les aliments, en détectant non seulement leurs saveurs mais aussi leur densité énergétique. Les enfants sont inconsciemment capables d’associer la densité énergétique d’un aliment avec sa saveur et d’adapter leur apport énergétique en conséquence.

Le plaisir sensoriel est en partie déterminé par notre goût inné pour des saveurs particulières (le sucré, le salé, l’umami) et il est partiellement acquis in utero et au cours des premières années de vie. Les nourrissons préfèrent souvent la saveur des aliments auxquels ils ont été exposés avant la naissance et pendant l’allaitement/l’alimentation au biberon. Leur attirance pour d’autres types d’aliments sera façonnée par l’expérience. Ainsi, les expériences alimentaires que les parents ou les soignants proposent aux enfants seront essentielles pour forger leurs futures habitudes alimentaires.

De nombreuses études montrent qu’apprendre à aimer de nouveaux aliments repose sur une exposition répétée. Toutefois, l’ampleur de cet effet dépendra du type d’aliments proposés et/ou de chaque enfant.

Le plaisir interpersonnel : l’importance des interactions sociales 

Manger est une expérience sociale. Le plaisir de manger est étroitement lié au contexte social du repas. Manger avec ses parents, des membres de sa famille ou ses amis encourage les interactions sociales qui sont essentielles au développement des habitudes alimentaires des enfants.

Lors des repas de famille, les jeunes enfants apprennent quelles sont les aliments privilégiés par leur culture, en observant et en imitant les gens qui les entourent. Les repas partagés influencent non seulement les choix alimentaires des enfants, mais aussi leur acceptation de nouveaux aliments. Ce modèle social est un processus qui débute tôt, au cours de la première année de vie, et qui se poursuit tout au long de l’enfance.

Les études ont également montré que le fait de parler de ce que l’on mange peut avoir une influence et pourrait jouer un rôle pour que les enfants apprécient les repas. Ce peut être une bonne façon de soutenir une alimentation saine.

Le plaisir cognitif : les pensées influencent le plaisir de manger

« Il ne suffit pas qu’un aliment soit bon à manger, encore faut-il qu’il soit bon à penser ». Cette observation de Claude Levi-Strauss montre que les pensées et les idées influencent également nos choix alimentaires. Manger est associé à un ensemble de pensées, d’images et d’idées.

Les qualités cognitives d’un aliment peuvent être décrites de la façon suivante :

  • Qualités de recherche (avant l’achat).
  • Qualités d’expérience (vérifiées après l’achat).
  • Qualités de croyance (qualités indirectement liées au produit, telles que la marque, le marketing, …)

Les stratégies marketing telles que la marque, le conditionnement et la publicité rendent un produit alimentaire crédible et créent des attentes positives à son égard. Ainsi, les stratégies marketing peuvent agir comme levier pour influencer le plaisir de manger des aliments sains chez les enfants de tous âges.

Il convient toutefois de rappeler que la façon dont un enfant comprend la publicité et y réagit varie avec l’âge et les caractéristiques individuelles. Les enfants prennent conscience de la représentation de la marque entre l’âge de 3 ans et de 5 ans. Jusqu’à l’âge de 7 ou 8 ans, ils ont tendance à percevoir la publicité comme divertissante ou informative, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux stratégies conçues pour modifier leurs attitudes. Après cela, les enfants commencent à voir la publicité d’une façon plus analytique.

La publicité sur écran, qui repose en grande partie sur des revendications affectives telles que l’utilisation de personnages, le goût de l’aliment et des suggestions que l’aliment est amusant, est particulièrement persuasive, même chez les enfants plus âgés.

Cela suggère que des stratégies marketing pourraient être utilisées pour influencer le plaisir de manger des aliments sains à tous les âges.

Sources:
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